Mort au Champ D´Honneur


SOLDAT MORT AU CHAMP D' HONNEUR

La balle qui te tue ne te veut aucun mal.
Dans un tissu serré de miaulements sournois
A fui son feulement de petit animal
Modelé pour la guerre et soumis à ses lois.


Cet homme qui te vise est l'image de toi.
Travailleur comme toi et comme tous les tiens,
Il a connu la peine et l'esclavage-roi
Qui courbe les échines et impose ses liens.


Des forces occultes qui vous sont étrangères,
Les cartes biseautées de la démocratie
Ont vêtu d'uniformes et les frères et les pères,
Et aiguisé les dents de la diplomatie.


Cette démocratie fière de son pouvoir,
Qui proclame à tous vents les vertus du système,
Qui consulte les voix pour sièges à pourvoir,
Contre les dictatures lance son anathème.


Mais pour faire de toi un cadavre en puissance,
Point de référendum, point de consultation.
Liberté bafouée revendique vengeance,
Provinces-soeurs meurtries pleurent réparation.


C'est pourquoi, lui et toi, ennemis devenus,
Casqués comme il se doit, le fusil à la main,
Jouez avec la mort à petits pas menus,
Une mort reptilienne au sifflement malsain.


Et c'est aussi pourquoi cette innocente balle
D'un petit trou bien net ton front perforera,
D'un paraphe sanglant striera ta tête pâle
Qui, d'un mol abandon sur toi s'inclinera.
 

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 


 ©1996-2009 Klaus Grenz